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Décisions

Cass. soc., 4 octobre 1995, n° 92-40.138

COUR DE CASSATION

Arrêt

Rejet

PARTIES

Demandeur :

Codisud (SA)

Défendeur :

Zanoni

COMPOSITION DE LA JURIDICTION

Président :

M. Lecante (conseiller le plus ancien faisant fonctions) Rapporteur : M. Boubli

Avocat général :

M. Terrail

Avocats :

SCP Lesourd, Baudin.

Cons. prud'h. Toulouse, du 6 févr. 1991

6 février 1991

LA COUR : - Attendu qu'il résulte de l'arrêt attaqué (Toulouse, 13 décembre 1991) que le contrat de Mme Zanoni, employée en qualité de gérante non salariée d'une succursale de la société Codisud, a été rompu par cette dernière avec effet immédiat par lettre du 14 avril 1986 ;

Sur le moyen unique du pourvoi principal de la société Codisud : - Attendu que la société Codisud fait grief à l'arrêt attaqué d'avoir jugé que le licenciement de Mme Zanoni n'était pas justifié par une faute grave et de l'avoir condamnée en conséquence au paiement d'une indemnité de préavis, une indemnité de congés payés sur préavis, et une indemnité de licenciement, alors, selon le moyen, que, d'une part, le contrat de gérance non salariée de succursale de maison d'alimentation de détail, qui emporte l'obligation pour le gérant d'assurer la charge du déficit imputable à sa gestion, fait nécessairement peser sur celui-ci les risques liés à la gestion et à l'exploitation du magasin ; qu'un déficit de gestion important et persistant sur plusieurs mois justifie le licenciement immédiat du gérant ; que la cour d'appel, qui constate que l'employeur a démontré, par la production du rapport d'expertise judiciaire, l'existence d'un déficit de gestion durable sans admettre l'existence d'une faute grave, a dès lors violé les articles L. 122-6 et L. 122-8 du Code du travail ; alors que, d'autre part, la société invoquait dans ses conclusions d'appel la nature du contrat de gérance non salariée de succursale de maison d'alimentation de détail en vertu duquel le gérant mandataire est responsable comptablement et est tenu d'assurer la gestion et l'exploitation du magasin ; qu'ainsi, "la défaillance du gérant revêt un caractère particulièrement grave et met en péril la santé financière de la société coopératrice" ; que la cour d'appel, qui ne répond pas à ce moyen de nature à caractériser l'existence d'une faute grave dans l'exécution du contrat de gérance non salariée, a violé l'article 455 du nouveau Code de procédure civile ;

Mais attendu que le déficit de gestion ne suffit pas à lui seul à caractériser la faute grave ;

Et attendu que la cour d'appel, qui a constaté que la société Codisud ne rapportait pas la preuve d'autres faits, a, en répondant aux conclusions et sans être tenue d'entrer dans le détail de l'argumentation de la société, légalement justifié sa décision ; que le moyen ne peut être accueilli ;

Et sur le pourvoi incident de Mme Zanoni : - Sur la fin de non-recevoir soulevée par la société Codisud : - Attendu que la société Codisud soutient que le pourvoi incident est irrecevable, faute par l'avocat signataire du mémoire de justifier d'un pouvoir spécial ;

Mais attendu qu'un pouvoir spécial est annexé au mémoire ; que le moyen manque en fait ;

Sur le moyen unique du pourvoi : - Attendu que, pour les motifs énoncés au mémoire figurant en annexe au présent arrêt, Mme Zanoni reproche à l'arrêt de l'avoir déboutée de sa demande de rappel de salaire ;

Mais attendu que la cour d'appel, qui a relevé que Mme Zanoni demandait le paiement d'heures supplémentaires, a, par une appréciation des éléments de fait qui ne peut être remise en cause devant la Cour de Cassation, constaté que Mme Zanoni ne rapportait pas la preuve que des heures supplémentaires lui étaient imposées par la société ; - que le moyen ne peut être accueilli ;

Par ces motifs : rejette les pourvois.