Cass. 1re civ., 15 janvier 2002, n° 99-18.665
COUR DE CASSATION
Arrêt
Cassation
PARTIES
Demandeur :
Caisse d'épargne de Picardie (Sté)
Défendeur :
Tesson, Compagnie européenne d'assurances industrielles (Sté), La Hénin (Sté), Branger, Firms Insurers (Sté), Josse (ès qual.), Résidence du Port de la Guittière (SCI), Baumgartner (ès qual.)
COMPOSITION DE LA JURIDICTION
Président :
M. Lemontey
Rapporteur :
M. Bouscharain
Avocat général :
M. Sainte-Rose
Avocats :
SCP Defrenois, Levis, SCP Urtin-Petit, Rousseau-Van Troeyen, SCP Lyon- Caen, Fabiani, Thiriez, SCP Boré, Xavier, Boré, Me Bertrand.
LA COUR : - Donne acte à la Caisse d'épargne de Picardie du désistement de son pourvoi en ce qu'il était dirigé contre la Banque La Hénin et la société Firms insurers ; - Met hors de cause Mme Josse, prise en la qualité prétendue de liquidateur judiciaire de la société Groupe Alto, et en réalité de liquidateur judiciaire de la société Alto management ; met également hors de cause M. Branger ; - Attendu que pour financer l'acquisition de droits immobiliers acquis en état futur d'achèvement, M. Tesson a contracté deux emprunts auprès de la Caisse d'épargne de Picardie ; qu'en raison de l'inachèvement des travaux et de l'abandon du chantier, il a demandé la résolution de la vente et l'annulation du contrat de prêt ; que l'arrêt attaqué a accueilli ces demandes mais a débouté la Caisse d'épargne de sa demande de remboursement ;
Sur le premier moyen : - Attendu que la Caisse d'épargne fait grief à l'arrêt attaqué d'avoir prononcé la résolution du contrat de prêt, au motif que la vente avait elle-même été résolue judiciairement, alors que la cour d'appel avait constaté que la Caisse d'épargne de Picardie avait consenti le prêt dans le respect des dispositions de la loi du 13 juillet 1979, qu'elle avait contracté devant un notaire étranger à l'opération de vente et qu'aucune faute ne pouvait être retenue à son encontre ; qu'elle n'aurait pas tiré les conséquences légales de ses constatations et aurait violé les articles 9 et suivants de la loi du 13 juillet 1979 (articles L. 312-12 et suivants du Code de la consommation), 1165, 1168 et 1184 du code civil ;
Mais attendu qu'en raison de l'effet rétroactif attaché à la résolution judiciaire du contrat de vente, celui-ci était réputé n'avoir jamais été conclu, de sorte que le prêt était résolu de plein droit ; que l'arrêt attaqué, qui prononce la résolution du contrat de vente et qui constate que les prêts litigieux avaient été accordés à titre d'accessoire de ce contrat, décide exactement que les contrats de prêt devaient être résolus ; que, loin de les violer, l'arrêt attaqué a fait une exacte application des textes invoqués ; que le moyen n'est pas fondé ;
Et sur la seconde branche du second moyen : - Attendu qu'il ne résulte ni des motifs ni du dispositif de l'arrêt attaqué que la cour d'appel ait statué sur la demande de la Caisse d'épargne dirigée contre la SCI du port de la Guittière et la Compagnie européenne d'assurances industrielles ; qu'une telle omission, qui peut être réparée par application de l'article 463 du nouveau Code de procédure civile, ne peut donner ouverture à cassation ; que le moyen ne peut être accueilli ;
Mais sur le second moyen, pris en sa première branche : - Vu l'article L. 312-14 du Code de la consommation, ensemble l'article 1184 du code civil ; - Attendu que l'arrêt attaqué déboute la Caisse d'épargne de Picardie de sa demande de remboursement dirigée contre M. Tesson en retenant que celle-ci ne peut demander aucune somme en exécution d'un contrat résolu ;
Attendu, cependant, qu'en suite de la résolution du contrat de prêt consécutive à celle de la vente, les choses devaient être remises au même état que si ce contrat n'avait jamais existé ; qu'en statuant comme elle l'a fait, la cour d'appel a violé les textes susvisés ;
Par ces motifs : casse et annule, mais seulement en sa disposition déboutant la Caisse d'épargne de Picardie de sa demande dirigée contre M. Tesson, l'arrêt rendu le 15 juin 1999, entre les parties, par la Cour d'appel de Paris ; remet, en conséquence, quant à ce, la cause et les parties dans l'état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la Cour d'appel de Paris, autrement composée.