Cass. com., 14 mars 2006, n° 03-14.640
COUR DE CASSATION
Arrêt
Cassation
PARTIES
Demandeur :
Flora Partner (SA)
Défendeur :
Eco Flor (SARL), Ridaoui Perez (Epoux)
COMPOSITION DE LA JURIDICTION
Président :
M. Tricot
Rapporteur :
Mme Garnier
Avocat général :
M. Feuillard
Avocats :
SCP Vuitton, SCP Piwnica, Molinié
LA COUR : - Sur le premier moyen, pris en sa deuxième branche : - Vu l'article 1134 du Code civil ; - Attendu, selon l'arrêt déféré (Bordeaux, 26 février 2003), que selon contrat de franchise du 30 mars 1998 la société Flora Partner (le franchiseur) a concédé à la société Eco Flor (le franchisé) le droit exclusif d'exploiter jusqu'au 21 décembre 2003, sous la marque, l'enseigne et avec les techniques "le Jardin des fleurs" un magasin situé à Istres ; que l'article 7-3 de ce contrat stipulait : "l'exclusivité territoriale implique que le franchiseur s'engage, pendant la durée du présent contrat, à ne pas autoriser l'ouverture d'autres points de vente le Jardin des fleurs dans le territoire d'exclusivité susmentionné, en dehors de celui du franchisé" ; que fin 1999, le franchiseur a ouvert un site internet sous l'enseigne "Le Jardin des fleurs" ; qu'estimant que le franchiseur avait violé la garantie contractuelle d'exclusivité, le franchisé et les consorts Perez ont assigné celui-ci en résiliation du contrat de franchise et en paiement de dommages-intérêts ;
Attendu que pour déclarer la convention rompue aux torts exclusifs du franchiseur, l'arrêt retient que l'obligation territoriale essentielle et déterminante pour le franchisé devait le protéger de toute vente à l'initiative du franchiseur, directement ou indirectement, et que la vente sur internet, bien que constituant une vente passive, porte atteinte à cette exclusivité dès lors qu'elle est réalisée sans contrepartie financière pour le franchisé qui néanmoins contribue au fonctionnement du site par prélèvement effectué sur la redevance communication qu'il verse au franchiseur ;
Attendu qu'en statuant ainsi, alors qu'il résultait de ses constatations que le contrat souscrit par les parties se bornait à garantir au franchisé l'exclusivité territoriale dans un secteur déterminé et que la création d'un site internet n'est pas assimilable à l'implantation d'un point de vente dans le secteur protégé, la cour d'appel a violé le texte susvisé, peu important le règlement CE n° 2790-1999 de la Commission CE du 22 décembre 1999, inapplicable en l'espèce ;
Par ces motifs et sans qu'il y ait lieu de statuer sur les autres griefs : Casse et annule, dans toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 26 février 2003, entre les parties, par la Cour d'appel de Bordeaux ; remet, en conséquence, la cause et les parties dans l'état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la Cour d'appel de Toulouse.