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Décisions

Cass. 1re civ., 18 juin 1996, n° 94-16.092

COUR DE CASSATION

Arrêt

Rejet

PARTIES

Demandeur :

Tiennot (Epoux)

Défendeur :

CRCAM de Haute Normandie

COMPOSITION DE LA JURIDICTION

Président :

M. Lemontey

Rapporteur :

Mme Catry

Avocat général :

M. Sainte-Rose

Avocats :

SCP Delaporte, Briard, Me Cossa

Rouen, 1re ch. civ., du 23 mars 1994

23 mars 1994

LA COUR : - Sur le moyen unique : - Attendu, selon les énonciations des juges du fond, que les époux Tiennot ont accepté le 24 novembre 1988 une offre préalable de crédit consentie par la Caisse régionale de crédit agricole mutuel de Haute-Normandie (la Caisse), d'un montant de 80 000 francs remboursable en 36 mensualités; que les époux Tiennot ayant cessé de rembourser les échéances du prêt, la Caisse les a assignés le 12 mars 1992 en paiement du solde du prêt; que le tribunal d'instance a accueilli la demande; que les époux Tiennot ont invoqué en appel la forclusion de l'action;

Attendu que les époux Tiennot font grief à l'arrêt confirmatif attaqué (Rouen, 23 mars 1994) d'avoir rejeté la fin de non-recevoir, au motif que le point de départ du délai de forclusion édicté par l'article 27 de la loi du 10 janvier 1978 se situe à la date du premier incident de paiement non régularisé, que les relevés de compte montrent que si à partir du mois de décembre 1989, des mensualités n'ont pas été payées à leur échéance, une régularisation est intervenue jusqu'au mois de mars 1990, que seule l'échéance du mois d'avril 1990 est restée partiellement impayée, que c'est à cette date que se situe l'évènement qui a donné naissance à l'action, que l'assignation a été délivrée le 12 mars et que l'action est donc recevable, alors, selon le moyen, qu'ils avaient fait valoir que le point de départ du délai de forclusion était l'échéance du 9 mars 1990, puisque les prélèvements effectués par la Caisse jusqu'au 6 juin 1990 pour couvrir cette échéance, étaient intervenus après la déchéance du terme survenue, selon l'assignation, le 9 avril 1990; qu'en ne recherchant pas si, comme ils le soutenaient, la déchéance du prêt n'avait pas rendu impossible toute régularisation ultérieure de l'échéance du 9 mars 1990, de sorte que l'action engagée le 12 mars était forclose, la cour d'appel n'a pas donné de base légale à sa décision au regard du texte susvisé;

Mais attendu que la Caisse n'a pas indiqué, dans son assignation, que la déchéance du terme serait survenue le 9 avril 1990, mais a, au contraire, précisé qu'elle était intervenue après mise en demeure du 20 novembre 1990 et sommation de payer en date du 26 février 1992 ; que c'est donc à juste titre que la cour d'appel a tenu compte de la régularisation de l'échéance de mars 1990 et a fixé le point de départ du délai de forclusion à l'échéance suivante, non régularisée; d'où il suit que la cour d'appel a légalement justifié sa décision et que le moyen n'est pas fondé;

Et attendu que le pourvoi revêt un caractère abusif ;

Par ces motifs : Rejette le pourvoi.