Cass. com., 19 décembre 2006, n° 05-16.256
COUR DE CASSATION
Arrêt
Rejet
PARTIES
Demandeur :
Julien, Agence commerciale et technique Julien (SARL)
Défendeur :
Zehnder group Carmaux (SA)
COMPOSITION DE LA JURIDICTION
Président :
M. Tricot
Rapporteur :
Mme Trie
Avocat général :
M. Jobard
Avocats :
SCP Le Griel, SCP Nicolaÿ, de Lanouvelle
LA COUR : - Statuant, tant sur le pourvoi principal formé par M. Julien et la société Agence commerciale et technique Julien, que sur le pourvoi incident relevé par la société Zehnder group Carmaux; - Attendu, selon l'arrêt déféré (Agen, 30 mars 2005), que par lettre du 7 décembre 1999, M. Julien, agent commercial de la société Kristal, devenue Zehnder group Carmaux, a informé son mandant de son intention de créer une SARL à laquelle il transférerait son contrat; que par lettre du 13 décembre 1999, la société Kristal a accepté et a invité l'agent à lui faire parvenir les éléments relatifs à la société afin d'établir un nouveau contrat; que par lettre du 4 février 2000, M. Julien lui a fait savoir qu'il était inutile de passer un nouveau contrat car il donnerait ses contrats à bail à la société créée, ce qui a été fait le même jour; que par avenant du 19 juillet 2000, le secteur confié à M. Julien a été étendu ; que considérant que la baisse brutale du chiffre d'affaires en 2000 était imputable au comportement du mandant qui s'assimilait à une rupture implicite du contrat, M. Julien l'a assigné en paiement de diverses indemnités ;
Sur le moyen unique du pourvoi principal : - Attendu que M. Julien et la SARL Agence commerciale et technique Julien reprochent à l'arrêt d'avoir déclaré les demandes de M. Julien irrecevables pour défaut de qualité à agir, alors selon le moyen : 1°) que la cour d'appel n'a pas répondu aux conclusions de M. Julien soulignant que postérieurement à l'échange de courriers de décembre 1999, les parties avaient renoncé à établir un nouveau contrat d'agent commercial au profit de la société Agence commerciale et technique Julien ainsi qu'il résultait courrier du 4 février 2000 énonçant qu'en ce qui concerne les contrats d'agent commercial, aucun changement ni avenant ne sont nécessaires, puisque M. Michel Julien garde ses cartes qu'il loue à la SARL" et de l'avenant au contrat d'agent commercial du 19 juillet 2000, signé de M. Julien en son nom personnel, et qu'elle a ainsi violé l'article 455 du nouveau Code de procédure civile ; 2°) que la cour d'appel ayant elle-même constaté qu'en février 2000, M. Julien avait simplement " donné à bail " à la SARL ses contrats d'agent commercial, et notamment celui conclu avec la société Kristal, n'a pas tiré les conséquences légales de ses constatations en énonçant que le dit contrat ayant été transféré au profit de la SARL, seule cette dernière avait qualité pour obtenir réparation du préjudice résultant de la rupture de celui-ci et qu'elle a par là même violé les articles 1134, 1721, 1722 et 1725 du Code civil, et l'article 31 du nouveau Code de procédure civile ;
Mais attendu que l'arrêt constate que dès le 25 février 2000, les factures ont été émises au nom de la société Agence commerciale et technique Julien et réglées à cette société, que le contrat de location des contrats d'agence commerciale indique expressément que le mandant a été informé et a donné son accord pour que la société exerce l'activité d'agent commercial aux lieu et place de M. Julien et que la lettre du 19 juillet 2000 ne contient aucun élément mentionnant un quelconque changement de cette situation; qu'il en déduit que l'accord formalisé les 7 et 13 décembre 1999 et confirmé par les relations postérieures permet d'établir que la société Agence commerciale et technique Julien s'est substituée à M. Julien en qualité d'agent commercial de la société Kristal malgré l'absence de formalisation d'un contrat écrit ; qu'en l'état de ces constatations, la cour d'appel, qui a répondu aux conclusions prétendument délaissées, a pu statuer comme elle a fait; que le moyen n'est pas fondé;
Et sur le moyen unique du pourvoi incident : - Attendu que la société Zehnder group Carmaux reproche à l'arrêt d'avoir déclaré recevable l'intervention en cause d'appel de la société Agence commerciale et technique Julien, alors selon le moyen, que l'intervention de cette société avait pour finalité de solliciter des condamnations personnelles et non pas de s'associer aux demandes personnelles de M. Julien ; qu'en statuant ainsi la cour d'appel violé l'article 4 du nouveau Code de procédure civile;
Mais attendu qu'après avoir constaté que la société Agence commerciale et technique Julien est intervenue en cause d'appel sans contester la qualité à agir de M. Julien et en demandant à titre principal qu'il soit fait droit aux demandes de celui-ci, et, dans l'hypothèse où ses prétentions seraient écartées pour défaut de qualité à agir, a repris subsidiairement les conclusions de M. Julien et sollicité que lui soient allouées les sommes qu'il réclamait, l'arrêt rappelle que les personnes qui n'ont été ni parties, ni présentes ni représentées en première instance ou qui y ont figuré en une autre qualité peuvent intervenir en cause d'appel dès lors qu'elles y ont un intérêt et à condition de ne pas soumettre à la cour un litige nouveau ; qu'ayant ainsi fait ressortir que la demande de l'intervenant volontaire procédait directement de la demande originaire et n'instituait pas un litige nouveau, la cour d'appel a justement décidé que l'intervenant était recevable à demander le bénéfice des condamnations; que le moyen n'est pas fondé;
Par ces motifs : Rejette tant le pourvoi principal que le pourvoi incident.