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Décisions

Cass. com., 8 février 2011, n° 10-10.847

COUR DE CASSATION

Arrêt

Rejet

PARTIES

Demandeur :

Chrysler France (SAS)

Défendeur :

JNB Auto (Sté), International Garage (Sté), Garage Richelieu (Sté), Gangloff (ès qual.), Detroit Autos (SARL), Garage de la Lorraine (Sté), du Buit (ès qual.), Sadre (SA), Weil et Compagnie (Sté), Panon (ès qual.), Panon Automobiles (SARL)

COMPOSITION DE LA JURIDICTION

Président :

Mme Favre

Rapporteur :

Mme Tréard

Avocats :

Me Jacoupy, SCP Lyon-Caen, Fabiani, Thiriez, SCP Thouin-Palat, Boucard

T. com. Nanterre, du 18 févr. 1999

18 février 1999

LA COUR : - Sur le moyen unique : - Attendu, selon l'arrêt attaqué (Versailles, 25 juin 2009), que la société Chrysler France (la société Chrysler) a racheté en 1996 le fonds de commerce de la société Sonauto, importateur auprès des distributeurs exclusifs pour la France des véhicules de marque Chrysler et Jeep, ainsi que les contrats de concession qui y étaient liés ; qu'après avoir informé les concessionnaires de la nécessité de réorganiser son réseau de distribution, la société Chrysler a notifié à chacun d'eux la résiliation de leur contrat ; que les sociétés Detroit Autos, JNB Auto, Automobile de diffusion et de réparation de l'Essonne (Sadre), International Garage, Panon Automobiles, Garage de la Lorraine, Garage Richelieu et CMPS (les concessionnaires) l'ont assignée en paiement de dommages-intérêts en soutenant qu'ils étaient liés par un contrat verbal d'exclusivité à durée indéterminée et auraient dû bénéficier d'un préavis d'au moins deux ans ; qu'un arrêt irrévocable a constaté que les parties considéraient comme acquise la nullité des contrats de concession signés entre les concessionnaires et la société Sonauto, a jugé que les relations entre ces derniers et la société Chrysler ont été régies par ces seuls contrats nuls et ordonné une expertise sur les conséquences de leur nullité, le rapport d'expertise ayant été ultérieurement déposé ;

Attendu que la société Chrysler fait grief à l'arrêt d'avoir dit que, dans le cadre des restitutions, devaient être pris en compte les investissements et dépenses engagés par les concessionnaires à compter du 22 mai 1996 en leur qualité de concessionnaires Chrysler pour des campagnes ou annonces publicitaires, pour des stages de formation de leur personnel, pour des dépenses informatiques, pour la participation à des foires exposition, pour la location de locaux spécifiquement aménagés pour la vente de véhicules Chrysler ou pour les investissements immobiliers réalisés spécialement pour pouvoir représenter la marque, jusqu'à la fin des relations entre les différentes parties, alors, selon le moyen, qu'en se bornant à retenir, pour inclure les postes de charges précités dans les restitutions, qu'ils étaient directement imposés par le concédant et obligatoires pour obtenir et conserver la qualité de concessionnaire, sans rechercher si ces postes n'étaient pas indissociables de l'exécution des contrats d'application validés par arrêt du 18 mars 2004 et n'avaient pas été pris en compte dans les marges et bénéfices sur ventes réalisées par les concessionnaires dont elle jugeait par ailleurs qu'ils étaient exclus des restitutions, la cour d'appel n'a pas donné de base légale à sa décision au regard de l'article 1234 du Code civil ;

Mais attendu que l'arrêt énonce que la nullité des contrats-cadre ne remet pas en cause les contrats d'application, notamment les contrats de vente et de maintenance des véhicules, dès lors qu'ils ont été intégralement exécutés ; qu'il retient en conséquence que les concessionnaires ne peuvent, au titre des restitutions, solliciter, ni excédent de marge brute, ni paiement de sommes qui correspondent aux charges directement liées à l'exécution des contrats d'application et qui ont pour contrepartie les marges réalisées sur les ventes augmentées des éventuelles primes d'objectifs ou les marges sur les opérations de maintenance ; qu'il intègre en revanche dans les restitutions, les frais de publicité, de personnel, de loyers et charges locatives des locaux d'exploitation ou d'amortissements de ces locaux ; qu'en retenant que ces dernières dépenses, obligatoires pour obtenir et conserver la qualité de concessionnaire, avaient été directement imposées par le concédant et en faisant ressortir par un rappel des obligations mises à la charge des concessionnaires par les contrats nuls qu'elles correspondaient à leur exécution, la cour d'appel, qui n'avait pas à faire une recherche devenue inopérante, a légalement justifié sa décision ; que le moyen n'est pas fondé ;

Par ces motifs : Rejette le pourvoi.