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Décisions

Cass. 2e civ., 19 mai 2022, n° 20-23.652

COUR DE CASSATION

Arrêt

Rejet

PARTIES

Demandeur :

Société de Nettoyage et d'Agencement 21 (SARL)

Défendeur :

Société de Nettoyage et d'Agencement 57 (SARL)

COMPOSITION DE LA JURIDICTION

Président :

M. Pireyre

Rapporteur :

Mme Durin-Karsenty

Avocat général :

M. Aparisi

Avocats :

SCP Duhamel-Rameix-Gury-Maitre, SCP Spinosi

T. com. Nancy, prés., du 26 juin 2019

26 juin 2019

Faits et procédure  

1. Selon l'arrêt attaqué (Paris, 9 septembre 2020), la Société de Nettoyage et d'agencement 21 et la Société de Nettoyage et d'agencement 57 (les sociétés SNA), fournissant des prestations de nettoyage et d'entretien à plusieurs établissements de la société LIDL, ont obtenu, sur requête, des mesures d'instruction sur le fondement de l'article 145 du code de procédure civile, par ordonnances du 17 décembre 2018 d'un président d'un tribunal de commerce.

2. Par actes des 20 et 25 mars 2019, la société LIDL a assigné les sociétés SNA en référé afin d'obtenir la rétractation de ces ordonnances.

3. Par ordonnance de référé du 26 juin 2019, le président du tribunal de commerce de Nancy a rétracté ses ordonnances et ordonné la destruction de l'intégralité des documents recueillis. Examen du moyen

Sur le moyen, pris en ses troisième, quatrième et sixième branches, ci-après annexé

4. En application de l'article 1014, alinéa 2, du code de procédure civile, il n'y a pas lieu de statuer par une décision spécialement motivée sur ces griefs qui ne sont manifestement pas de nature à entraîner la cassation.

Sur le moyen, pris en ses première, deuxième et cinquième branches

Enoncé du moyen

5. Les sociétés SNA font grief à l'arrêt de confirmer l'ordonnance entreprise en ce qu'elle avait rétracté dans leur intégralité les ordonnances rendues sur requête le 17 décembre 2018 et ordonné aux huissiers instrumentaires de détruire l'intégralité des documents appréhendés quels qu'en soient leurs supports, alors :

« 1°/ que l'existence d'un motif légitime de conserver ou d'établir avant tout procès des preuves dont pourrait dépendre la solution d'un litige s'apprécie in concreto, c'est-à-dire au regard des éléments matériels portés à la connaissance du juge sans qu'il soit nécessaire pour le demandeur de préciser le fondement juridique sur lequel pourraient s'appuyer ses prétentions futures ; qu'en se bornant à constater, pour retenir qu'elles ne justifiaient pas d'un tel motif, que les sociétés SNA n'évoquaient à l'appui de leur demande de mesure d'instruction in futurum que d'éventuelles prétentions fondées sur l'article L. 442-6 I 5° du code de commerce relatif à la rupture brutale d'une relation commerciale établie, texte dont les conditions de mises en oeuvre ne requerraient pas de recourir à de telles mesures, sans rechercher si les faits rapportés ne caractérisaient pas l'existence d'un motif légitime, la cour d'appel, qui n'a procédé qu'à une recherche in abstracto de l'existence d'un tel motif en vue d'une action en responsabilité pour rupture brutale d'une relation commerciale établie, a privé sa décision de base légale au regard de l'article 145 du code de procédure civile ;

2°/ que méconnaît l'objet du litige le juge qui dénature les termes clairs et précis de l'acte introductif d'instance ; qu'en retenant que les sociétés SNA n'avaient invoqué comme motif légitime que l'éventualité d'une action fondée sur la rupture brutale des relations commerciales établies, à l'exclusion d'une action fondée sur la responsabilité pour concurrence déloyale, cependant que les sociétés SNA invoquaient expressément à l'appui de leur demande les actions de débauchage et de désorganisation mises en oeuvre par la société LIDL à leur égard, actions constitutives de concurrence déloyale, la cour d'appel a dénaturé les requêtes du 20 novembre 2018, et violé le principe dispositif prévu par l'article 4 du code de procédure civile ;

5°/ que des mesures d'instruction avant tout litige au fond peuvent être ordonnées sur requête lorsque les circonstances exigent que les mesures ne soient pas prises contradictoirement ; que de telles circonstances sont caractérisées lorsqu'il existe un risque de destruction des preuves par la personne visées par les mesures demandées ; qu'en se bornant à retenir, par motifs éventuellement adoptés, que le risque de déperdition des preuves n'était pas rapporté quant aux livres comptables et aux documents sociaux de la société LIDL, sans rechercher si un tel risque n'existait pas quant aux devis, factures ou correspondance émis par cette société, la cour d'appel a privé sa décision de base légale au regard des articles 145 et 493 du code de procédure civile. »

Réponse de la Cour

6. C'est dans l'exercice de son pouvoir souverain d'appréciation de l'existence d'un motif légitime et sans dénaturation des requêtes des sociétés SNA, que la cour d'appel, qui a procédé aux recherches prétendument omises, a confirmé l'ordonnance de référé du 26 juin 2019 ayant rétracté les ordonnances sur requête du 17 décembre 2018.

7. Le moyen, inopérant en sa cinquième branche, n'est pas fondé pour le surplus.

PAR CES MOTIFS, la Cour :

REJETTE le pourvoi.