Cass. com., 6 décembre 1994, n° 92-16.447
COUR DE CASSATION
Arrêt
Rejet
COMPOSITION DE LA JURIDICTION
Président :
M. Bézard
Rapporteur :
M. Lassalle
Avocat général :
Mme Piniot
Avocat :
SCP Rouvière et Boutet
Sur le moyen unique :
Attendu, selon l'arrêt attaqué (Fort-de-France, 27 mars 1992), qu'en vertu d'un jugement du 5 juillet 1988 portant condamnation de la société Imprimerie Desormeaux (la société ) à lui payer une certaine somme au titre de cotisations et majorations de retard (dues pour la période comprise entre février 1984 et octobre 1987), la Caisse générale de sécurité sociale de la Martinique a, le 19 août 1988, inscrit une hypothèque judiciaire sur un immeuble de sa débitrice ; que la société a été mise en redressement judiciaire le 30 mai 1989 et la date de cessation des paiements fixée au 1er janvier 1988 ;
Attendu que la Caisse fait grief à l'arrêt d'avoir déclaré nulle et de nul effet cette hypothèque, alors, selon le pourvoi, que l'arrêt viole par voie de fausse application l'article 107-6 et par refus d'application l'article 57 de la loi du 25 janvier 1985 ; que remettant en cause des droits antérieurs, régulièrement acquis l'article 107 est d'interprétation stricte ; que dans la mesure où il déclare nuls les actes faits par le débiteur - y compris les hypothèques consenties - il ne saurait concerner les sûretés prises par un créancier pour garantie d'exécution d'une décision de justice, et que l'article 57 excluant la faculté d'inscription d'hypothèques seulement postérieurement au jugement d'ouverture du redressement judiciaire, l'hypothèque pris plus de neuf mois avant l'ouverture de la procédure de redressement judiciaire ne pouvait être dite entachée de nullité (violation des articles 2123 du Code civil, 57, 107 de la loi 85-98 du 25 janvier 1985 ;
Mais attendu qu'après avoir exactement énoncé que l'article 57 de la loi du 25 janvier 1985 interdit seulement l'inscription des sûretés antérieures au jugement d'ouverture lorsqu'elles n'ont pas été encore inscrites à cette date et que l'article 107 de la loi permet l'annulation de l'hypothèque constituée sur les biens du débiteur par un créancier, pour dettes antérieurement contractées, postérieurement à la date de cessation des paiements, et constaté que le jugement de condamnation ayant donné naissance à l'hypothèque judiciaire de la Caisse était postérieur à cette date, la cour d'appel en a, à bon droit, déduit que cette hypothèque était nulle ; que le moyen n'est donc pas fondé ;
PAR CES MOTIFS :
REJETTE le pourvoi.