Cass. 2e civ., 21 juin 1995, n° 93-16.047
COUR DE CASSATION
Arrêt
Rejet
COMPOSITION DE LA JURIDICTION
Président :
M. Zakine
Rapporteur :
M. Delattre
Avocat général :
M. Sainte-Rose
Avocats :
SCP Waquet, Farge et Hazan, Me Bouthors
Sur les deux moyens, réunis :
Attendu qu'il est fait grief à l'arrêt attaqué (Bordeaux, 30 mars 1993), d'avoir infirmé une ordonnance de référé retractant une ordonnance sur requête ayant autorisé Mme Y... à prendre une inscription provisoire d'hypothèque judiciaire sur un immeuble appartenant à M. Z... aux motifs que X... Roy qui produit une reconnaissance de dette d'une somme de 800 000 francs avec intérêts datée du 1er janvier 1989 signée par M. Z... justifie d'une créance paraissant fondée en son principe et que la société Sabouraud étant en liquidation judiciaire, M. Z... se trouve dans une situation critique, celui-ci ne justifiant pas percevoir actuellement d'autres ressources que celles qu'il touchait de cette société, alors que, selon le moyen, d'une part, la reconnaissance de dette litigieuse qui ne mentionnait pas de la main de M. Z... la somme en toutes lettres et en chifres, de la prétendue créance ne pouvait démontrer l'existence d'une créance paraissant fondée en son principe ;
qu'ainsi, la cour d'appel a violé l'article 1326 du Code civil, alors que, d'autre part, en ne répondant pas aux conclusions de M. Z... qui invoquait l'absence des mentions de l'article 1326 du Code civil, dans la reconnaissance de dette litigieuse, de nature à exclure l'existence d'une créance paraissant fondée en son principe, la cour d'appel a violé l'article 455 du nouveau Code de procédure civile, alors qu'en outre, la condition de l'urgence et de péril à recouvrer une créance doit être appréciée à la date à laquelle la mesure conservatoire a été autorisée ;
qu'en justifiant la mesure autorisée en juin 1992, par la situation financière postérieure de M. Z..., résultant d'un dépôt de bilan et d'une décision de liquidation judiciaire de la société dans laquelle il avait des intérêts, intervenus en janvier 1993, la cour d'appel a violé l'article 48 du Code de procédure civile, alors qu'enfin, en relevant, d'un côté, que la créance prétendue n'était pas exigible avant 1999, et d'un autre côté, qu'il y aurait urgence et péril à la recouvrer, la cour d'appel a entâché sa décision contradictoire de motifs en violation de l'article 455 du nouveau Code de procédure civile ;
Mais attendu que la cour d'appel, dans l'exercice de son pouvoir souverain d'appréciation, a, répondant aux conclusions prétendues délaissées, estimé, au vu des éléments qu'elle analyse, que Mme Y... justifiait d'une créance paraissant fondée en son principe et a retenu, sans se contredire, que la mesure sollicitée était, eu égard à l'importance de la créance, fondée, en raison des menaces d'insolvabilité du débiteur résultant, tant des circonstances actuelles que celles prévisibles dans un avenir proche ;
D'où il suit que le moyen n'est pas fondé ;
PAR CES MOTIFS :
REJETTE le pourvoi.