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Décisions

Cass. ass. plén., 24 novembre 2000, n° 99-12.412

COUR DE CASSATION

Arrêt

Rejet

COMPOSITION DE LA JURIDICTION

Président :

M. Canivet

Rapporteur :

Mme Tric

Avocat général :

M. Lafortune

Avocats :

SCP Thomas-Raquin et Benabent, SCP Vier et Barthélemy

Toulouse, du 15 déc. 1998

15 décembre 1998

Sur la recevabilité du moyen, contestée par la défense :

Attendu, selon l'arrêt déféré (Toulouse, 15 décembre 1998), que Mme Y..., veuve d'André Z..., usufruitière des biens composant la succession de son mari cogérant non rémunéré au moment de son décès de la SARL Z... (la société) constituée avec ses deux frères, a assigné en référé la société et ses beaux-frères aux fins d'obtenir, sur le fondement de l'article 145 du nouveau Code de procédure civile, le prononcé d'une mesure d'expertise ; que la cour d'appel ayant rejeté cette demande, Mme Z... a assigné la société devant le tribunal de grande instance aux fins de voir constater qu'elle était en droit de revendiquer toutes sommes qui pourraient constituer l'assiette de son usufruit et le montant des intérêts qui seraient susceptibles de lui être alloués depuis la date du décès de son mari et ordonner une expertise pour déterminer quels avaient été les apports d'André Z... à la société, leur affectation, leur éventuelle rémunération et d'établir l'étendue et l'assiette de son usufruit successoral ; que la cour d'appel a rejeté sa demande ;

Attendu que Mme Z... reproche à l'arrêt statuant au fond d'avoir été rendu par un collège de magistrats présidé par M. X..., qui figurait déjà dans la composition de la cour d'appel ayant rejeté la même demande présentée en la forme des référés, alors, selon le moyen, que toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue par un tribunal impartial ; que cette exigence doit s'apprécier objectivement ; qu'il en résulte que lorsqu'un juge a statué en référé sur une demande tendant à l'instauration d'une expertise, il ne peut ensuite statuer sur la demande au fond tendant aux mêmes fins et rejetée pour les mêmes motifs sans que soient méconnues les exigences de l'article 6.1 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales ;

Mais attendu qu'il résulte de la procédure que les débats ont eu lieu devant une formation collégiale dont la composition, conforme à l'ordonnance du premier président fixant la répartition des juges dans les différents services de la juridiction, était nécessairement connue à l'avance de Mme Z... représentée par son avoué ; que celle-ci n'est pas recevable à invoquer devant la Cour de Cassation la violation de l'article 6.1 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales, dès lors qu'elle n'a pas fait usage de la possibilité d'en obtenir le respect en récusant M. X... par application de l'article 341.5° du nouveau Code de procédure civile et qu'en s'abstenant de le faire avant la clôture des débats, elle a ainsi renoncé sans équivoque à s'en prévaloir ;

PAR CES MOTIFS :

REJETTE le pourvoi.