Cass. crim., 24 septembre 2025, n° 25-81.866
COUR DE CASSATION
QPC
QPC renvoi
COMPOSITION DE LA JURIDICTION
Président :
M. Bonnal
Rapporteur :
M. Gillis
Avocat général :
Mme Bellone
Avocat :
SCP Piwnica et Molinié
1. La question prioritaire de constitutionnalité est ainsi rédigée :
« Les dispositions de l'article 471 du code de procédure pénale qui permettent au juge pénal d'assortir les sanctions pénales prévues aux articles 131-4-1 à 131-11 et 132-25 à 132-70 du code pénal de l'exécution de la décision sans que la condamnation ne soit définitive, et sans avoir à motiver cette exécution provisoire, sont-elles contraires au principe de la présomption d'innocence, au principe de nécessité et de légalité des peines, au principe d'individualisation des peines et au principe d'égalité, consacrés par les articles 6, 7, 8, 9 et 16 de la Déclaration de 1789 ? ».
2. L'article 471, alinéa 4, dans sa rédaction issue de la loi n° 2019-222 du 23 mars 2019 est applicable à la procédure et n'a pas déjà été déclaré conforme à la Constitution dans les motifs et le dispositif d'une décision du Conseil constitutionnel.
3. La question posée présente un caractère sérieux.
4. En effet, si le juge pénal doit, lorsqu'il prononce la peine d'inéligibilité avec exécution provisoire, motiver le prononcé de cette mesure en faisant apparaître son appréciation quant au caractère proportionné de l'atteinte qu'elle est susceptible de porter à l'exercice d'un mandat en cours et à la préservation de la liberté de l'électeur, aucune disposition législative ne prévoit l'obligation de motiver la décision par laquelle il déclare exécutoire par provision une sanction pénale, autre que l'inéligibilité, prononcée en application des articles 131-4-1 à 131-11 et 132-25 à 132-70 du code pénal.
5. Il pourrait en résulter une méconnaissance tant de l'obligation pour le législateur de fixer des règles de droit pénal et de procédure pénale de nature à exclure l'arbitraire dans le jugement des personnes poursuivies et le prononcé et l'exécution des peines que du principe d'individualisation des peines, qui imposent la motivation des jugements et arrêts de condamnation, sur la culpabilité et sur la peine.
6. En conséquence, il y a lieu de renvoyer la question prioritaire de constitutionnalité au Conseil constitutionnel.
PAR CES MOTIFS, la Cour :
RENVOIE au Conseil constitutionnel la question prioritaire de constitutionnalité ;