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Décisions

Cass. soc., 7 juillet 2009, n° 08-42.121

COUR DE CASSATION

Arrêt

Rejet

PARTIES

Demandeur :

Mag Systèmes (SA)

Défendeur :

Joly

COMPOSITION DE LA JURIDICTION

Président :

M. Bailly (faisant fonction)

Rapporteur :

Mme Geerssen

Avocats :

SCP Defrenois, Levis, SCP Waquet, Farge, Hazan

Cons. prud'h. Bobigny, du 20 déc. 2006

20 décembre 2006

LA COUR : - Sur les deux moyens réunis : - Attendu, selon l'arrêt attaqué (Paris, 25 mars 2008), que la société Mag Systèmes a assuré la distribution exclusive et la maintenance des installations de traitement de courrier fabriquées par la société de droit suisse Kern AG jusqu'au mois de décembre 2004 ; qu'à cette date, la société Mag Systèmes a été rachetée par une société de droit américain concurrente de la société Kern AG ; que cette dernière société a alors confié la distribution exclusive de ses produits à la société Kern France, sa filiale créée en juillet 2005 ; que M. Joly, salarié de la société Mag Systèmes sans être lié par une clause de non-concurrence, a démissionné de son emploi d'ingénieur commercial le 1er juillet 2005 pour rejoindre aussitôt la société Kern France ; qu'estimant que son ancien salarié avait détourné des commandes et commis des actes de concurrence déloyale, la société Mag Systèmes a saisi la juridiction prud'homale pour obtenir la condamnation de l'intéressé à lui payer diverses sommes ;

Attendu que la société Mag Systèmes fait grief à l'arrêt de décider que M. Joly n'avait pas manqué à son obligation de loyauté ni commis des actes de concurrence déloyale, alors, selon les moyens : 1°) que l'utilisation, par un salarié, pendant la durée de son contrat de travail, des ses relations professionnelles avec les clients que lui procure l'exercice de ses fonctions en vue de détourner, même ultérieurement, ces clients au profit de son futur employeur, société concurrente, constitue un manquement grave à l'obligation de loyauté de ce salarié ; qu'en statuant comme elle a fait, au motif inopérant que la société Kern France n'avait pas d'existence légale pendant les six mois ayant précédé la démission de M. Joly de ses fonctions, sans rechercher, comme il lui était demandé, si la conclusion immédiate par M. Joly au profit de Kern France, dès la création de celle-ci et sa prise de fonction, des contrats qu'il avait antérieurement négociés en tant que salarié de Mag Systèmes, ne caractérisait pas un manquement grave à son obligation de loyauté à l'égard de cette dernière, la cour d'appel a privé sa décision de base légale au regard des articles 1134 et 1147 du Code civil ; 2°) qu'en se bornant à mettre la baisse du chiffre d'affaires de M. Joly durant les six mois précédant son départ sur le compte de "la situation particulière de transition où l'entreprise passait à la concurrence et ne distribuait plus de produits Kern du jour au lendemain", sans s'expliquer sur le fait que le chiffre d'affaires de la seule commerciale n'ayant pas démissionné était resté stable pendant la même période, la cour d'appel a privé sa décision de base légale au regard des articles 1134 et 1147 du Code civil ; 3°) qu'en statuant comme elle a fait sans rechercher, comme il lui était demandé, si la proposition faite par M. Joly à des clients de la société Mag Systèmes qu'il démarchait systématiquement pour le compte de son nouvel employeur, la société Kern France, d'assurer la maintenance gratuite des machines Kern jusqu'au mois de décembre 2005, ne caractérisait pas une manœuvre déloyale tendant à détourner la clientèle de Mag Systèmes, la cour d'appel a privé sa décision de base légale au regard des articles 1382 et1383 du Code civil ;

Mais attendu que la cour d'appel, qui a procédé aux recherches prétendument omises sans être tenue de suivre les parties dans le détail de leur argumentation, a retenu, d'une part, que la baisse du chiffre d'affaires de l'intéressé et la circonstance que la société Kern France ait démarré rapidement ses activités ne suffisaient pas à établir l'existence d'actes déloyaux de sa part pendant l'exécution de son contrat de travail avec la société Mag Systèmes et, d'autre part, qu'il n'était pas justifié qu'il se soit personnellement livré à une concurrence déloyale après son entrée au service de son nouvel employeur ; qu'elle a ainsi légalement justifié sa décision ;

Par ces motifs : Rejette le pourvoi.