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Décisions

Cass. com., 8 juin 2017, n° 15-27.961

COUR DE CASSATION

Arrêt

Cassation

PARTIES

Demandeur :

Medimat (SAS)

Défendeur :

Hammel Recyclingtechnik GmbH (Sté)

COMPOSITION DE LA JURIDICTION

Président :

Mme Mouillard

Rapporteur :

Mme Tréard

Avocats :

SCP Fabiani, Luc-Thaler, Pinatel, SCP Odent, Poulet

T. com. Marseille, du 12 mars 2013

12 mars 2013

LA COUR : - Attendu, selon l'arrêt attaqué, que la société de droit allemand Hammel Recyclingtechnik GmbH (la société Hammel) a confié à la société Medimat la distribution de ses matériels dans plusieurs régions françaises, ainsi qu'à Andorre et Monaco, à partir de mai 2008 ; qu'en 2009, la société Hammel a informé son réseau de distributeurs de son souhait de participer à un salon se tenant au mois de décembre et de partager les coûts du stand en quatre parts représentant la somme de 9 748 euros chacun ; que la société Medimat, qui a proposé de contribuer à hauteur de 6 000 euros, a été facturée de cette somme en octobre 2009 ; qu'en août 2010, la société Hammel a de nouveau fait part de son souhait de participer à ce salon se tenant pendant la même période, et de partager les coûts d'un stand plus important en trois parts, représentant une somme de 47 112 euros chacun ; que la proposition de la société Medimat de contribuer à hauteur de 6 000 euros comme l'année précédente est restée sans suite, la société Hammel ayant participé à ce salon sans elle ; qu'en novembre 2010, la société Hammel a notifié à la société Medimat la réduction de son taux de remise sur les machines neuves et pièces de rechange et la fin de l'exclusivité dont elle bénéficiait sur son secteur, puis a exigé le paiement d'avance des pièces de rechange ; que le 5 mai 2011 la société Medimat a pris acte de la rupture de leurs relations commerciales puis a assigné la société Hammel en paiement de dommages-intérêts pour rupture brutale d'une relation commerciale établie, tant pour la fourniture des machines que des pièces de rechange ;

Sur le moyen unique, pris en ses premières et deuxième branches : - Vu l'article L. 442-6, I, 5° du Code de commerce ; - Attendu que pour rejeter la demande indemnitaire de la société Médimat au titre de la rupture de la relation commerciale relative à la fourniture de machines, l'arrêt relève, s'agissant de la participation aux frais du salon, que la société Medimat a versé à ce titre une somme de 6 000 euros en 2009 et qu'elle a proposé, par courriel du 15 septembre 2010 à la société Hammel qui lui demandait une participation de 47 112 euros, la même somme, cependant que rien dans les pièces versées aux débats ne permet de dire que la société Hammel avait accepté une participation à hauteur de 6 000 euros, laquelle n'avait pas été établie en fonction de la superficie de son secteur ; qu'il ajoute que la société Medimat n'a rien versé pour 2010 et n'a pas participé au salon 2010 alors qu'il est constant que la participation à un salon permet d'augmenter le taux de pénétration sur le marché et d'augmenter ainsi les ventes ; qu'il relève que par lettre du 19 novembre 2010, la société Hammel a informé la société Medimat qu'elle modifiait le taux de remise qui passait de 20 % à 15 %, et du fait que son territoire de vente n'était plus exclusif et était accessible à d'autres partenaires, " afin de compenser les coûts " ; qu'il relève encore que par la suite, à l'exception de la commande de la machine le 1er mars 2011, la société Medimat n'a plus passé de commande à la société Hammel et que celle-ci a exigé un paiement complet du prix avant la livraison de la machine commandée en mars 2011 ; qu'il en déduit que de telles circonstances ne permettent pas d'établir l'imputabilité de la rupture des relations commerciales à la seule société Hammel ;

Qu'en se déterminant ainsi, sans rechercher, comme elle y était invitée, si ces modifications ne portaient pas sur des conditions substantielles de la relation commerciale unissant les parties, la cour d'appel a privé sa décision de base légale ;

Et sur le moyen, pris en sa troisième branche : - Vu l'article L. 442-6, I, 5° du Code de commerce ; - Attendu que pour rejeter la demande indemnitaire de la société Médimat au titre de la rupture de la relation commerciale relative à la fourniture de pièces de rechange, l'arrêt retient que la société Hammel a émis une facture de 1 915,73 euros correspondant au solde des sommes qu'elle estimait lui être dues et que n'étant pas réglée, elle n'a pas fait droit aux commandes de pièces de rechange, comme elle l'expose par lettre du 4 mai 2011 ; qu'il en déduit que de telles circonstances ne permettent pas d'établir l'imputabilité de la rupture des relations commerciales à la seule société Hammel ;

Qu'en se déterminant ainsi, sans vérifier, comme elle y était invitée, si la société Hammel pouvait opposer à la société Medimat le défaut de paiement d'une facture que celle-ci contestait au regard des conditions contractuelles figurant au bon de commande, la cour d'appel a privé sa décision de base légale ;

Par ces motifs : casse et annule, mais seulement en ce qu'il rejette les demandes d'indemnisation de la rupture des relations commerciales de la société Medimat, l'arrêt rendu le 14 octobre 2015, entre les parties, par la Cour d'appel de Paris ; remet, en conséquence, sur ce point, la cause et les parties dans l'état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la Cour d'appel de Paris, autrement composée.