Cass. mixte, 10 juillet 1981, n° 77-10.794
COUR DE CASSATION
Arrêt
Rejet
COMPOSITION DE LA JURIDICTION
Président :
M. Schmelck
Rapporteur :
M. Francon
Avocat général :
M. Cabannes
Avocat :
Me Colas de la Noue
Sur le premier moyen :
Attendu que Charavin fait grief à l'arrêt attaqué (Chambéry, 22 Novembre 1976) statuant sur renvoi après cassation, d'avoir, pour prononcer la nullité d'un cautionnement et d'une constitution d'hypothèque consentis par la société du Domaine de Saint Baudille en 1958, au profit de Jean Marcel X..., alors président-directeur général, pour garantir des engagements propres à celui-ci, relevé d'office le moyen pris de la violation de l'article 40, dernier alinéa, de la loi du 24 juillet 1867, alors que la réouverture des débats s'imposait en l'espèce, les parties n'ayant pas été à même de s'expliquer contradictoirement sur la nature de la nullité relevée d'office, et alors que c'est par une dénaturation de la demande de Chavarin que l'arrêt attaqué la tient pour invoquant implicitement la nature de la nullité litigieuse, la demande de celui-ci impliquant tout au contraire que la nullité des délibérations des 10 septembre 1958 et 29 mars 1960 était couverte par la prescription ;
Mais attendu qu'il résulte des pièces de la procédure que Charavin a, en les transmettant aux parties adverses, fait connaître au cours du délibéré ses observations à la Cour d'appel sur le moyen relevé d'office par elle à l'audience des plaidoiries ; D'où il suit que le moyen n'est pas fondé ;
Sur le second moyen :
Attendu que Charavin fait aussi grief à l'arrêt d'avoir retenu que la nullité résultant de l'interdiction légale concernant le cautionnement et la constitution d'hypothèque se prescrivait par 30 ans, alors que la nullité résultant de l'interdiction de faire cautionner les engagements des dirigeants et administrateurs des sociétés anonymes envers les tiers est une nullité de protection au profit de la société et de ses actionnaires, c'est-à-dire une nullité relative bénéficiant d'une prescription abrégée ;
Mais attendu que l'arrêt retient à bon droit la nullité résultant de la violation de l'interdiction faite aux administrateurs d'une société anonyme, par l'article 40 de la loi du 24 juillet 1867, de faire cautionner par elle leurs engagements envers les tiers, est d'ordre public et sanctionnée par une nullité absolue ; D'où il suit que le moyen n'est pas fondé ;
PAR CES MOTIFS ; REJETTE LE POURVOI formé contre l'arrêt rendu le 22 novembre 1976 par la Cour d'appel de Chambéry.