Un accès généralisé, sur la base du règlement 1049-2001, aux documents échangés dans le cadre d'une procédure de contrôle des concentrations, entre la Commission et les parties notifiantes ou les tiers est de nature à mettre en péril l'équilibre que le législateur de l'Union a voulu assurer, dans le règlement sur le contrôle des concentrations, entre l'obligation pour les entreprises concernées de communiquer à la Commission des informations commerciales éventuellement sensibles et la garantie de protection renforcée s'attachant, au titre du secret professionnel et du secret des affaires, aux informations ainsi transmises à la Commission.

Il y a lieu de reconnaître, aux fins de l'interprétation des exceptions prévues à l'article 4, paragraphe 2, premier et troisième tirets, du règlement 1049-2001, l'existence d'une présomption générale selon laquelle la divulgation des documents échangés entre la Commission et les entreprises au cours d'une procédure de contrôle des opérations de concentration entre entreprises porte, en principe, atteinte tant à la protection des objectifs des activités d'enquête qu'à celle des intérêts commerciaux des entreprises impliquées dans une telle procédure.

L'existence d'une présomption générale selon laquelle la publication d'informations sensibles concernant les activités économiques des entreprises impliquées est susceptible de porter atteinte à leurs intérêts commerciaux doit être reconnue indépendamment de la question de savoir si la demande d'accès du tiers à la procédure concerne une procédure déjà clôturée ou pendante.

CJUE, 3e ch., 28 juin 2012, n° C-404/10 P

Sont nulles de plein droit les clauses de conventions collectives et individuelles selon lesquelles une majoration de traitement, versée par l'employeur dans le cadre d'un régime de préretraite progressive, doit être calculée de telle façon que l'impôt sur les salaires dû dans l'État membre d'emploi est déduit de manière fictive lors de la détermination de la base de calcul de cette majoration, alors que, conformément à une convention fiscale destinée à éviter les doubles impositions, les traitements, salaires et rémunérations analogues versés aux travailleurs qui ne résident pas dans l'État membre d'emploi sont imposables dans l'État membre de résidence de ces derniers. 

CJUE, 2e ch., 28 juin 2012, n° C-172/11

Cass. 2e civ., 28 juin 2012, n° 11-21.051

Cass. 1re civ., 28 juin 2012, n° 11-14.966

Cass. 1re civ., 28 juin 2012, n° 11-14.486

Cass. 2e civ., 28 juin 2012, n° 11-20.011

Cass. 2e civ., 28 juin 2012, n° 11-15.055

CA Paris, Pôle 5 ch. 1, 27 juin 2012, n° 09/28753

Cass. crim., 27 juin 2012, n° 11-86.197

CA Bordeaux, 2e ch. civ., 27 juin 2012, n° 10/03277

CA Paris, Pôle 5 ch. 3, 27 juin 2012, n° 09/29057

CA Nancy, 2e ch. civ., 27 juin 2012, n° 11/01968

CFI, 3rd chamber, June 27, 2012, No T-445/07

A reduction of the fine is only justified if the cooperation by an undertaking makes the Commission's tasks easier, which is not the case where the non-contestation of the facts follows the second Statement of Objections given that, at that point, the Commission already has sufficient material to establish the facts in question.

The Commission is not required to regard the poor financial health of a sector as constituting an attenuating circumstance.

The presumption that the infringing conduct of a subsidiary is attributable to its parent company does not breach the principle that offenses and penalties must have a proper basis in law insofar as it has been established and consistently applied in the case law since the early 1970s.

The fact that the conduct of a subsidiary was attributed to a parent when another parent company escaped the sanction imposed on its only subsidiary does not amount to unequal treatment, since in the first case, the parent company directly participated in the infringement which reinforced the presumption of decisive influence, while in the second, only the subsidiary directly participated in the infringement.

Where an undertaking has participated in the infringement i.e. is identified as such in the decision imposing sanctions, the interruption of the limitation period as a result of the notification of an action taken for the purposes of the investigation or the proceedings to at least one undertaking also identified as having participated in it, takes effect as against that undertaking.

The fact that the procedure lasted more than 14 years and that during that time the undertaking had transferred the subsidiary having committed the infringement does not deprive it from defending itself, insofar as it is responsible for conserving, in its own archives, the records relating to the activities of its subsidiary pertinent to its defense, and as it produces no evidence of any effort made to re-establish contact with its former employees involved in the cartel and to request their testimony, which, it claims, would have refuted the Commission's findings.

The 14-year period that elapsed between the end of the infringement and the second Statement of Objections does not exceed the reasonable time requirement for proceedings insofar as it may be explained by a succession of procedural stages, none of which exceeded a reasonable time.

The fact that the Commission combines the functions of both investigation and the imposition of penalties does not violate the requirement of impartiality since its decisions are amenable to review by the EU Courts.

The fact that none of the members of the Commission took part in the hearing of the applicant undertaking does not affect the right of the defense insofar as the compeititon procedures are administrative, not judicial and there was nothing to prevent them from being informed of the outcome of the hearing by such persons as the it had appointed to conduct it.

GC, 2nd chamber, June 27, 2012, No T-372/10

Concernant l'aide d'État n° SA.28356 (C 37-09, ex N 226-09) - Habidite Alonsotegi

Commission, 27 juin 2012, n° 2013-198

A partir du 1er décembre 2009, date d’entrée en vigueur du décret du 11 novembre 2009, un appel exercé dans le cadre d'une action fondée sur l’article L. 442-6 (devenu l’art. L. 442-1) du Code de commerce ne peut être valablement interjeté que devant la Cour d’appel de Paris, quelle que soit la date de l'assignation devant le tribunal de commerce.

CA Paris, Pôle 5 ch. 4, 27 juin 2012, n° 10-04855

Concernant l'aide d'état SA.33015 (2012-C) que Malte envisage d'octroyer à Air Malta plc.

Commission, 27 juin 2012, n° 2012-661

Le concessionnaire résilié qui met fin aux contrats de travail de ses salariés avant l'expiration du préavis ne peut reprocher au nouveau concessionnaire et au concédant de s'être entendus pour retarder l'installation de la nouvelle concession alors, du reste, que cette dernière a ultérieurement embauché lesdits salariés et ainsi respecté ses obligations au titre de l'article L. 1224-1 du Code du travail.

CA Paris, Pôle 5 ch. 4, 27 juin 2012, n° 09-22589

In the event of an inherently very serious infringement such as a pricing agreement, it is not necessary to verify its actual market impact.

Proof of the concerted action may come from information disclosed by the leniency applicants where they are corroborated by other contemporaneous elements of the infringement, such as documents found in the course of the investigations carried out by the Commission or supplied by other undertakings.

GC, 3rd chamber, June 27, 2012, No T-448/07

Since the Commission is not a tribunal for the purposes of Article 6 of the ECHR, Article 6(3) cannot be relied on by the parties, who merely have the opportunity to make known their views but not to cross-examine the witnesses heard by the Commission.

The limitation period set forth in Article 25 of Regulation No 1/2003 had not expired where the Commission decision was adopted 9 years and 2 months after the last manifestation of the infringement.

A market sharing agreement has the character of a single and continuous infringement even if there are no manifestations for long periods, insofar as, unlike price-fixing agreements, it does not require regular meetings.

The probative value of an unsigned document is not necessarily reduced where it is a note relating to a meeting with an anticompetitive object - a reason for its author to leave the least trace possible - which includes a date which indicates that it was drawn up at the time of the facts and which contains specific information corresponding to that contained in other documents.

GC, 3rd chamber, June 27, 2012, No T-439/07

The fact for a software publisher in a dominant position to charge a prohibitive rate of remuneration for granting access to its interoperability information may be penalized by a substantial periodic penalty payment.

GC, 2nd chamber, June 27, 2012, No T-167/08

Le franchiseur qui, tout en ayant souscrit une convention d'assistance à la recherche d'implantation, dissimule au candidat l'existence, à proximité immédiate du local choisi, d'un ancien membre du réseau passé à la concurrence en raison de ses mauvais résultats d'activité, manque à son obligation de présentation sincère du marché local et commet un dol justifiant l'annulation du contrat.

CA Paris, Pôle 5 ch. 4, 27 juin 2012, n° 09-06563

L'animateur d'un réseau de distribution sélective qui refuse d'autoriser la création d'un site Internet de vente en ligne par l'un de ses distributeurs commet une restriction de concurrence par son objet.

L'animateur d'un réseau de distribution sélective ne peut utiliser des moyens de preuve déloyaux pour établir le manquement d'un distributeur à ses obligations contractuelles. 

CA Paris, Pôle 5 ch. 4, 27 juin 2012, n° 10-04245

Le fait pour un éditeur de logiciels en position dominante de réclamer un taux de rémunération prohibitif pour donner accès à ses informations relatives à l'interopérabilité peut être sanctionné par une astreinte substantielle.

TUE, 2e ch., 27 juin 2012, n° T-167/08

La valeur probante d'un document non signé n'est pas nécessairement réduite, dès lors qu'il s'agit d'une note relative à une réunion ayant un objet anticoncurrentiel - ce qui justifie, pour son auteur, le souci de laisser le moins de traces possible -, qu'elle porte une date indiquant qu'elle a été élaborée à l'époque des faits et qu'elle contient des informations spécifiques corroborées par d'autres documents.

Un accord de partage de marché présente le caractère d'une infraction unique et continue même s'il n'en existe pas de manifestations pendant de longues périodes, dès lors qu'à la différence des accords de prix, il ne nécessite pas de réunions régulières.

La prescription prévue par l'article 25 du règlement 1-2003 n'est pas acquise lorsque la décision de la Commission est rendue 9 ans et 2 mois après la dernière manifestation de l'infraction.

La Commission n'étant pas un tribunal au sens de l'article 6 de la CEDH, son paragraphe 3 ne peut être invoqué par les parties, qui ont seulement la possibilité de faire connaître leur point de vue, mais pas d'interroger elles-mêmes les témoins entendus par la Commission.

TUE, 3e ch., 27 juin 2012, n° T-439/07

L'interruption de la prescription qui résulte d'une décision d'inspection de la Commission vaut à l'égard de toutes les entreprises ayant participé à l'infraction, même si elle n'a pas été notifiée à certaines d'entre elles.

TUE, 3e ch., 27 juin 2012, n° T-445/07

La preuve de la concertation peut provenir des informations divulguées par les demandeurs de clémence, lorsqu'elles sont corroborées par d'autres éléments contemporains de l'infraction, tels que les documents trouvés au cours des investigations effectuées par la Commission ou fournis par d'autres entreprises.

Dans l'hypothèse d'une infraction très grave par nature, telle une entente de prix, il n'est pas nécessaire de vérifier son impact concret sur le marché.

TUE, 3e ch., 27 juin 2012, n° T-448/07

Le fait qu'aucun des membres du collège de la Commission n'ait assisté à l'audition de l'entreprise requérante ne porte pas atteinte aux droits de la défense dès lors que la procédure de concurrence est de nature administrative et non juridictionnelle et que rien ne s'oppose à ce que le collège soit informé des résultats de l'audition par ceux qu'elle a mandatés pour y procéder.

Le fait que la Commission exerce à la fois les fonctions d'instruction et de sanction ne viole pas l'exigence d'impartialité, dès lors que ses décisions sont soumises au contrôle du juge de l'Union. 

L'écoulement d'un délai de quatorze ans entre la fin de l'infraction et la seconde communication des griefs n'excède pas l'exigence d'une durée raisonnable de la procédure, dès lors qu'il trouve son explication dans une succession d'étapes procédurales dont aucune n'a dépassé un délai raisonnable. 

Le fait que la procédure ait duré plus de quatorze ans et qu'entretemps, l'entreprise ait cédé la filiale qui a commis l'infraction, ne porte pas atteinte à son droit de se défendre, dès lors qu'il lui appartenait de conserver dans ses propres archives les pièces relatives à l'activité de sa filiale utiles à sa défense et qu'elle ne justifie d'aucune diligence pour entrer en contact avec les anciens membres de son personnel impliqués dans l'entente et dont elle allègue que les témoignages lui auraient permis de réfuter les constatations de la Commission. 

Dès lors qu'une entreprise a participé à l'infraction, c'est-à-dire qu'elle a été identifiée comme telle dans la décision attaquée, l'interruption de la prescription résultant de la notification d'un acte d'instruction et de poursuite à au moins une entreprise également identifiée comme ayant participé à l'infraction, produit effet à son égard. 

Le fait qu'une société mère se soit vu imputer le comportement de sa filiale alors qu'une autre société mère a échappé à la sanction, qui a été infligée à la seule filiale, n'implique pas une inégalité de traitement, dès lors que dans le premier cas, la société mère a directement participé à l'infraction, ce qui a renforcé la présomption d'influence déterminante tandis que dans le second, seule la filiale a directement participé à l'infraction. 

La présomption d'imputabilité du comportement infractionnel d'une filiale à sa société mère ne viole pas le principe de légalité des délits et des peines dès lors qu'elle a été établie par une jurisprudence constante depuis de début des années 1970.

La Commission n'est pas tenue de considérer que la mauvaise santé financière d'un secteur économique constitue une circonstance atténuante. 

Une réduction du montant de l'amende n'est justifiée que si la coopération de l'entreprise a facilité la tâche de la Commission, ce qui n'est pas le cas d'une non-contestation des faits postérieure à la communication des griefs, puisque la Commission dispose alors de suffisamment d'éléments pour établir les faits. 

Décisions de justice rendues en 2012 - Page 39